Le berceau des Anges enfants de Dieu au Ciel.
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Sur terre enfants Bâtards Enfants du Péché par les Représentants de la religion du Québec.
ALLOCUTION DE DR JEAN GAUDREAU
Bonjour,
Ma présence aujourd’hui, est pour répondre au président de l’Assemblée des Évêques du Québec, Mgr Morissette, qui, il y a quelques semaines en conférence de presse, déclarait en réponse à la question : « Étiez-vous au courant des faux diagnostics posés sur les enfants ? » « Je n’étais pas là, je ne peux pas répondre à cela » Sa réponse est totalement inacceptable. J’aimerais lui dire que moi j’y étais, et voici ce que j’ai vu en 1961 au Mont-Providence. Je vous lis donc des extraits d’un texte que j’ai publié.
Je venais de terminer mon doctorat en psychologie clinique de l’enfant et le docteur Barbeau m’avait engagé pendant environ deux mois pour faire « passer des tests » à des enfants du Mont-Providence chez qui on soupçonnait des potentialités intellectuelles bien supérieures.
À ma première journée de travail, j’avais sur ma liste d’enfants à examiner un garçon d’environ cinq ans qui me posait un problème pratique très particulier. Le jour de l’examen, en effet, on l’avait attaché, dans une camisole de force, à la tuyauterie d’un lavabo de la Salle St-Gérard ! La religieuse qui en avait la garde et la responsabilité commença d’abord par refuser de le délivrer de ses liens et ce pour deux raisons
- 1. l’usage de la camisole de force résultait d’une ordonnance du psychiatre responsable de cette salle et de cet enfant;
- 2. de plus, elle considérait personnellement l’enfant comme violent et comme pouvant à tout moment mettre ma sécurité et celle des autres en danger.
J’étais bouleversé de voir un enfant de cinq ans ainsi attaché, mais je réussis tout de même à faire remarquer à la religieuse, le plus calmement et le plus poliment du monde, que je mesurais 6 pieds, que je pesais plus de 200 livres et que, dans ces conditions, je me sentais parfaitement capable de maîtriser la situation et ce que j’allais proposer à l’enfant comme activités ne pourrait manquer de l’intéresser : puzzles, personnages miniatures, dessins avec des crayons de couleurs. Malgré l’ordonnance médicale, je fus assez persuasif pour faire détacher l’enfant et même de lui faire oublier, les quelques heures de l’examen psychométrique, qu’il était, disait-on, un enfant violent
Je me souviens tout aussi bien qu’avant que l’enquête ne commence, des représentantes de la direction nous avaient fait visiter les principales parties de l’inunense établissement. Arrivés devant une salle, tous ceux qui nous faisaient visiter s’arrêtaient en hésitant à nous faire entrer : « c’est la salle des adolescents agités », disaient-ils. Ils craignaient visiblement de nous troubler par le spectacle, et de perturber sans doute autant, par notre présence inattendue, les jeunes pensionnaires de cette salle. Finalement nous entrons. Nous apercevons une vingtaine de garçons, de 12-14 ans, tous en train de se bercer calmement, comme dans un demi-sommeil, et qui regardaient plus ou moins la télévision.
Quelqu’un osa faire remarquer tout bas à une religieuse « avez-vous bien dit qu’il s’agissait d’adolescents agités ? » On nous répondit quelque chose comme : « s’ils n’étaient pas continuellement sur l’équanil (un sédatif puissant), vous verriez qu’ils seraient tous agités. »
Même avec plus de trente ans d’intervalle, mes souvenirs à cet égard sont intacts et très vifs. Pensez donc : une équipe de jeunes psychologues s’en allait examiner des « arriérés » et notamment en ce qui concernait les performances pratiques ou non verbales, on rencontrait souvent des enfants qui, à ces épreuves, obtenaient des quotients intellectuels de l’ordre de 105 ou de 110! Les résultats présentés dans le Rapport Barbeau-Houde ne mirent pas ce fait en évidence avec la netteté qu’il eut pourtant convenu.
Ces enfants ont passé toute leur jeunesse en institution et leur développement s’est opéré d’une façon chaotique. On leur a volé ce qu’ils avaient de plus précieux, soit la possibilité d’une vie normale. On a hypothéqué leur vie pour des raisons purement pécuniaires. C’est un scandale!
Si je témoigne aujourd’hui je le répète, c’est surtout pour éclairer ceux qui disent avoir été absents.